Préservation des herbiers de posidonie à proximité des ouvrages : quelle distance minimale ?
Évaluation de l’état des herbiers de posidonie au voisinage d’ouvrages maritimes
→ Une nouvelle étude scientifique met en avant la nécessité d’actualiser la distance minimale de 10 m utilisée jusqu’à présent.
Résumé de l’étude :
La création d’ouvrages maritimes sur les petits fonds côtiers a entraîné des régressions notables des herbiers de posidonie ces dernières décennies. Outre la destruction des herbiers par recouvrement, les impacts de ces aménagements peuvent être occasionnés lors de la phase travaux (turbidité, ancrages des engins de chantier…) et de la phase exploitation (diffusion d’eaux polluées, réduction de l’intensité lumineuse, impacts indirects par modification locale de l’hydrodynamisme et de la dynamique sédimentaire). On observe fréquemment une bande de matte morte plus ou moins large au droit des ouvrages maritimes. Devant ce constat et afin de réduire les impacts indirects des ouvrages sur les herbiers de posidonie, dans le cadre de l’accord RAMOGE, une recommandation a été formulée (Boudouresque et al., 20061) : « …nous recommandons une distance minimale de 10 m entre un nouvel enrochement et les Posidonies vivantes les plus proches ». Bien que définie à « dire d’expert », cette distance minimale est largement prise en compte par les différents acteurs de l’aménagement et de la gestion du littoral ainsi que par les services de l’Etat depuis près de 20 ans.
L’objectif de la présente étude est d’apporter des données statistiquement robustes sur (1) l’état des herbiers de posidonie et (2), les modifications des conditions hydrodynamiques à proximité d’ouvrages existants afin d’étayer et, le cas échéant, ajuster la distance minimale recommandée en 2006. Commanditée et pilotée par la DREAL Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’étude a été coordonnée par SUEZ Consulting et a associé le GIS Posidonie, l’Institut Méditerranéen d’Océanologie, Actimar et Waeles Marine Consultants. Elle s’est déroulée entre novembre 2023 et mars 2025 et a fait l’objet de plusieurs réunions et comités de pilotage associant notamment, les Directions Départementales des Territoires et de la Mer des Alpes Maritimes, des Bouches-du-Rhône et du Var, la Direction Interrégionale de la Mer Méditerranée, l’Office Français de la Biodiversité, la Préfecture Maritime et le Centre d’Etudes sur les Risques l’Environnement, la Mobilité et l’Aménagement.
L’étude des posidonies avait pour objectif spécifique d’évaluer la distance d’influence des ouvrages en enrochement sur l’état des herbiers. Sur huit sites représentatifs régionaux, différents descripteurs de la vitalité et de la structure de l’herbier de posidonie ont été relevés en plongée sous-marine sur des stations situées à des distances croissantes reparties le long de transects perpendiculaires partant de la base des ouvrages. L’hydrodynamisme a été étudié sur deux des huit sites à l’aide de modèles numériques préalablement calibrés par des mesures réalisées à proximité immédiate des ouvrages. A l’issue de cet exercice particulièrement délicat et allant au-delà de l’ingénierie conventionnelle, les résultats ont permis d’appréhender les conditions hydrodynamiques sur le fond par différentes conditions de tempête le long de radiales perpendiculaires aux ouvrages.
Globalement, les résultats de l’étude mettent en évidence des impacts significatifs des ouvrages sur la surface et la structure des herbiers au-delà de la distance minimale de 10 m préconisée précédemment tout en restant limités en deçà de 20 m. A contrario aucun effet significatif n’a été observé sur les paramètres de vitalité. |
Par ailleurs, aucune corrélation entre la structure des herbiers de posidonie et les conditions hydrodynamiques s’exerçant sur le fond (données issues des modélisations) n’a été mise en évidence sur les deux sites étudiés signifiant ainsi que, selon l’état de l’art actuel, il n’est pas possible de prédire, avec un degré de confiance suffisant, les impacts indirects des ouvrages côtiers sur les herbiers de posidonie. Sur la base de cette étude, une actualisation de l’ouvrage RAMOGE « Préservation et conservation des herbiers à Posidonia oceanica » est en cours.
(1) : Boudouresque C.F., Bernard G., Bonhomme P., Charbonnel E., Diviacco G., Meinesz A., Pergent G., Pergent-Martini C., Ruitton S., Tunesi L, 2006. Préservation et conservation des herbiers à Posidonia oceanica. RAMOGE pub. : 1-202.
Citation de l’étude
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